Peut-on prévenir les difficultés en lecture ?
1. Prévelire se présente comme un ensemble pédagogique pour « prévenir les difficultés dans l’apprentissage de la lecture » de la GS au CE1. Certes, il vaut mieux prévenir que guérir. Mais concernant les difficultés en lecture, n’a-t-on pas déjà tout essayé ?
Si on en juge par la multiplication des dispositifs d’aide personnalisée, de soutien, de stages de rattrapage, etc., le ministère parait se préoccuper beaucoup de remédiation (tout en supprimant, au demeurant, un tiers des postes de RASED…). Mais cet état de fait traduit une absence de politique de prévention, comme si la grande difficulté était fatale ou survenait de façon imprévisible.
Or, quand on cherche à comprendre, par exemple à l’occasion d’un diagnostic au CP, la cause des difficultés, on s’aperçoit souvent que l’enfant n’a pas pu effectuer certains apprentissages au moment voulu alors qu’ils conditionnaient la réussite ultérieure.
De ce constat à l’idée d’une pédagogie à visée préventive, il n’y a qu’un pas : si on intervenait à temps pour aider tous les enfants à s’approprier ces compétences, ne pourrait-on prévenir les blocages pour de nombreux enfants ?
L’équipe qui a conçu et expérimenté Prévelire a fait sienne cette idée. Nous nous sommes alors posé deux questions :
- Quelles sont les compétences nécessaires à tout apprentissage réussi ?
- À quel moment chacune peut devenir un objet d’apprentissage pour tous les élèves ?
2. Et quelles ont été vos réponses ?
Nous avons déterminé un ensemble de 32 compétences dont l’acquisition progressive est la condition d’une lecture aisée à l’orée du cycle 3 et d’une dynamique de réussite. Nous avons regroupé ces 32 compétences dans trois grands domaines :
- Domaine C : Compréhension des textes écrits (soit 7 compétences).
- Domaine R : Traitement des marques écrites et reconnaissance des mots écrits (17 compétences).
- Domaine L : Lecture proprement dite et facteurs favorisant la réussite (8 compétences).
Ces 32 compétences ont été également réparties sur les trois années du cycle 2 et, pour chaque compétence, nous avons déterminé le trimestre de l’année où elle devrait raisonnablement être en voie d’acquisition pour tous les enfants, sans hâter les apprentissages correspondants.
3. Mais en quoi un tel outil peut-il contribuer à prévenir l’échec ?
En premier lieu, c’est un moniteur pour l’évaluation continue. Chaque trimestre, pour un niveau d’enseignement donné (GS par exemple), l’attention de l’enseignant est attirée sur un petit groupe de compétences décisives pour la suite des apprentissages des élèves (voir la planification des compétences dans le Guide de passation - cf extraits de document à télécharger en bas de page).
Pour chaque compétence, sur le CD Rom, nous précisons son rôle dans la dynamique d’apprentissage et nous décrivons des moyens d’en évaluer l’acquisition à travers l’observation continue de chaque enfant.
Mais nous proposons aussi des épreuves spécifiques, que l’enseignant peut utiliser en cas de doute, de manière différenciée. Elles sont accompagnées d’un Guide de passation.
Le CD-Rom contient un tableur pour le suivi longitudinal des enfants.
Enfin, dans des « Compléments pratiques », nous donnons des pistes pour concevoir des situations d’apprentissage.
Vous voulez parler des documents PDF accessibles sur Internet à partir du CD-Rom ?
Tout à fait. D’ailleurs, Retz vient de mettre en ligne les deux derniers documents Pdf… …
... qui étaient très attendus ! Que contiennent-ils ?
En tout, il y a trois documents Pdf. Le premier propose des exemples d’activités pour chacune des 7 compétences « C », le deuxième pour les 17 compétences « R », et le troisième pour les 8 compétences « L ».
Ce sont des pistes pratiques pour l’ensemble de la classe ou, quand la compétence visée n’est pas encore acquise par certains enfants ou pas au degré voulu, pour des groupes de besoin. On y trouve la description de nombreuses activités, des références à des supports d’enseignement, à des logiciels, à des ouvrages pédagogiques pratiques ainsi qu’à des albums ; il y a même quelques fiches à photocopier. Ces choix sont toujours assortis de justifications psychopédagogiques.
La mallette contient aussi un matériel original. Citons par exemple les 64 cartes rébus pour initier les enfants de GS au geste mental du décodage. L’usage pédagogique de ce matériel est décrit avec précision dans les « Compléments pratiques ».
4. Cet ensemble pédagogique est-il réellement efficace ?
Son utilité, c’est d’abord d’aider chaque enseignant à piloter sa classe, l’équipe de cycle 2 à assurer les continuités et tous à gagner en efficacité. On peut aussi penser que, si ce projet a suscité un fort intérêt chez les enseignants et maîtres spécialisés qui l’ont expérimenté, c’est parce qu’il faisait écho à leurs préoccupations pratiques.
5. Les « Compléments pratiques » sont-ils utilisables pour la remédiation et l’aide personnalisée ?
Les pistes pratiques sont présentées compétence par compétence. Elles sont donc utilisables quel que soit le contexte de l’activité, qu’il s’agisse de situations d’apprentissage pour toute la classe, pour un groupe de besoin sur le temps commun ou dans le cadre de l’AP, tant pour prévenir les difficultés que pour y remédier. Et s’il s’agit d’AP ou de remédiation, avec le tableur de suivi longitudinal, l’enseignant sait précisément sur quoi faire porter l’effort pour chaque enfant.
6. Vous invitez donc les maitres à organiser leur enseignement compétence par compétence…
Retrouvez l'intégralité de l'interview d'André Ouzoulias dans le document PDF à télécharger ci-dessous en fin de page.