Les caractéristiques et les fonctions d'un rituel

Enseigner en maternelle
Rituel en classe
« Le rituel est un mode d'organisation régulier lié à une intention de l'ordre de l'éducation, de l'apprentissage ou de l'enseignement en milieu scolaire et qui est de l'ordre du collectif. »
Tel est le consensus que nous avons adopté autour de la définition donnée par A.-M. Gioux.

Ces caractéristiques pourraient bien être, quelles que soient les différences apparentes et les variables didactiques :

  • la très grande régularité d'un fonctionnement ;
  • la répétitivité des gestes, des paroles, des codes mis en place ;
  • l'identité formelle des situations dont les enjeux ne varient pas et qui constituent des repères sûrs, même si les contenus évoluent ;
  • des contraintes claires, des règles bien posées et respectées par tous.

 

Par éducation, nous entendons la possibilité qu'a l'enseignant de donner un modèle, de transmettre une culture, de développer l'appartenance à un groupe social. L'apprentissage est le travail de l'enfant qui apprend, il relève du socio-cognitif. L'enseignement représente l'apport du maître, tout ce qui fixe le cadre temporel : emploi du temps, calendrier, passation de consignes...

 

On peut citer cinq fonctions principales :

  • Les rituels marquent d'abord un passage. Ils sont fréquents en début de journée (l'appel, le calendrier, la météo) : ce sont souvent des activités de démarrage, des lanceurs de la journée scolaire, un moment de rupture, une sorte de « sas » entre la famille et l'école dont la première fonction est de recréer le groupe classe et d'installer l'enfant dans l'organisation sociale dans laquelle il va vivre sa journée. « C'est la frontière franchie - physique et symbolique – à partir de laquelle l'élève doit se comporter différemment. »
  •  Ils sont un espace d'autonomie car les contraintes très fortes (quasiment de l'ordre du « surmoi ») règlent les enfants : quand le rituel est bien engagé, le groupe classe peut fonctionner seul. Jean Hébrard présente le rituel comme « une contrainte pour une autonomie maximale et un apprentissage ». Cette autonomie s'acquiert grâce à la répétition des actions et des activités. - Ils ont une fonction contractuelle, précise René Amigues : il faut passer un contrat, et c'est dans le déroulement de l'activité ou du jeu que l'enfant éprouve les règles. Ce que souligne également Christophe Wulf : « Les rituels réfèrent les professeurs et les élèves les uns aux autres, les lient dans un agir commun et créent une communauté scolaire où chacun sait ce qu'on attend de lui ». On sait ce que l'on doit faire, comment et quand. L'action collective induit des règles de conduite: savoir écouter, formuler... pour continuer à travailler. Les rituels marquent aussi des places car ils permettent de définir sa place et de s'y tenir; ils instaurent des rôles dans le rapport au savoir qui peuvent changer et évoluer. Le rituel est intégrateur : il réaffirme que l'élève a une place marquée et remarquée dons le groupe classe, il peut se confronter aux autres dans un espace où il prend peu de risques.
  • Ils sont fortement liés à la socialisation : pendant les rituels, on construit des comportements (tout Je monde doit faire la même chose, pendant un temps donné, avec les mêmes référents) et on est dans le champ du collectif. Les rituels sont d'ailleurs associés à la notion de regroupement, par opposition aux ateliers. Se met en place une acceptation collective des rythmes de vie de la classe, permettant d'aboutir à l'autonomie maximale.
  • Ils sont liés aux apprentissages fondamentaux de l'école maternelle : on y construit des savoirs. L'élève y apprend son métier d'élève. C'est dire l'importance stupéfiante de ces rituels ! Pourtant, si l'on n'y prend pas garde, les rituels se transforment en routine. Ils peuvent être des moments répétitifs qui se déroulent quotidiennement, toujours sur un même modèle sur les trois années de l'école maternelle.

 

 

Texte extrait de : Construire des rituels à la maternelle (+ DVD) de Catherine Dumas.