Elisabeth Grimault : Actions plastiques MS
Elisabeth Grimault, auteure du 1er titre de la série pour la moyenne section, nous dévoile les nouvelles activités proposées.
1. Après les ouvrages « Ateliers graphiques » et « Collages et arts visuels » dont vous êtes l’auteure pour la collection « C’est à voir », quels types d’activités nous réserve la nouvelle série « Actions plastiques » ?
Dans les « Ateliers graphiques », le graphisme est pratiqué à partir de supports préalablement créés par l’enfant. Dans « Collage et arts visuels », l’enseignant exploite différentes œuvres d’art et tire parti de la technique du collage pour obtenir des productions originales.
Dans cette nouvelle série, il s'agit de faire se confronter l'enfant à de multiples actions pouvant engendrer des créations plastiques de toutes natures.
Ce sont des actions simples qui se réalisent à partir de matériaux variés sur des supports de toutes sortes et en utilisant des outils différents en fonction du degré de maturation de l'enfant. Le matériel suggéré pour la réalisation des productions amène l'enfant à développer certains sens comme la vue et le toucher grâce à une manipulation de papiers de différentes couleurs et textures, de peintures fluides ou épaisses, de matières lisses ou rugueuses, etc.
Les actions abordées dans ces ouvrages sont adaptées à chaque niveau du cycle I.
L’ouvrage est divisé en trois parties et donne l’occasion à l’enseignant de proposer à l’enfant différentes séances d’arts visuels. À partir d'actions diversifiées, l’enfant est ainsi amené à :
manipuler la couleur et la matière en utilisant ces dernières au travers de diverses actions plastiques lui permettant de faire de nombreuses découvertes sensorielles : il mélange des couleurs pour en créer d’autres, il délave un dessin, il absorbe de l’encre à l’aide de papier buvard, il presse un dessin et prend conscience de la matière.
composer avec les différents éléments mis à sa disposition en décalant, contournant, alternant : il organise, structure l’espace proposé en adaptant et diversifiant ses gestes.
produire du volume en modifiant son appréhension de l’espace. Il est confronté à des problèmes d’agencement, d’équilibre, de rigidité, de pesanteur, de fixation et de mouvement. En tordant, entaillant, courbant il donne du volume à sa production. Il en résulte une impression de masse, de profondeur.
Une ouverture culturelle est proposée à l'enfant. Des œuvres sont citées à la fin de chaque chapitre. Elles ont un rapport avec ce que l'enfant vient de produire soit par l'action menée, soit par la forme, les couleurs, le sujet, le sens ou l'atmosphère.
L'enfant est invité à poser son regard sur un grand nombre d’œuvres d'art plus ou moins connues. Il développe ainsi son sens de l’observation et acquiert un sens critique.
2. Le titre « Actions plastiques MS » vient de sortir. Quels sont ses objectifs pédagogiques ?
Que ce soit dans « Ateliers graphiques » ou dans « Collage et Arts visuels » ou dans cette nouvelle série, les objectifs pédagogiques sont primordiaux et font de l’école maternelle un lieu d’apprentissage.
L'art ne s'enseigne pas, il se pratique mais les gestes, les techniques s'apprennent et répondent à des règles bien précises qu'il faut intégrer et maîtriser pour arriver à une liberté d'expression et de création.
Derrière chaque action, qu’elle soit plastique ou non, se cache un objectif. Le rôle de l’enseignant est de mettre tout en œuvre pour que l’enfant développe les compétences lui permettant d’atteindre le ou les objectifs visés.
La démarche proposée dans ces derniers ouvrages permet à l'enfant d'atteindre un certain nombre d’objectifs conformément aux programmes de 2008.
Elle lui donne l'occasion :
- d'expérimenter, de découvrir puis de s'approprier de nombreuses actions ;
- d'adapter ses gestes à l'action menée ;
- d'enrichir sa pratique en multipliant les actions ;
- de réinvestir certains gestes en les répétant, les transformant, les adaptant aux tâches requises ;
- de multiplier les expériences visuelles et tactiles en manipulant des matériaux de couleurs, textures, motifs variés ;
- de déterminer ses choix en fonction de ses propres critères ;
- d'être mené sur la voie d'une création personnelle grâce à une pratique soutenue ;
- de développer son lexique et sa syntaxe en mémorisant les actions et en les mettant en mots ;
- de rentrer dans le monde des arts visuels par le biais d'une confrontation à de nombreuses œuvres d'art ;
- de découvrir et s'ouvrir sur le monde.
Cette pratique soutenue et diversifiée favorise le cheminement vers une démarche créatrice et un regard averti sur les œuvres d'art, en rendant l’enfant capable de reconnaître les procédés utilisés par les artistes.
3. Enfin, n’est-ce pas trop difficile à mettre en œuvre si l’on n’est soi-même pas très à l’aise avec ce type d’activités ?
J'ai enseigné pendant 30 ans en cycle I et, les premières années, je me suis trouvée bien démunie face à des termes que je connaissais très peu : graphisme, arts plastiques, etc.
En réalisant ces ouvrages, j'ai repensé à mes débuts laborieux et je les ai conçus de telle sorte qu'ils soient utilisables facilement par des enseignants, surtout débutants.
Tout est clairement expliqué : sur la page de gauche les objectifs sont précis et exprimés de façon explicite. Ce sont eux qui font des enseignants des professionnels de l'éducation. Les différents moyens mis en œuvre pour arriver à atteindre les objectifs visés sont répertoriés : moyens matériels, moyens pédagogiques (comme par exemple les consignes, le rôle du maître, les difficultés prévisibles). Le matériel est facile à se procurer.
Sur la page de droite les différentes étapes de la réalisation sont reproduites en photos permettant une meilleure visibilité et compréhension de l'action menée, en complétant ainsi les explications théoriques.
Le fait de ne pas être à l'aise avec ce genre d'activités ne doit pas être un frein à la pratique des arts visuels. Ces ouvrages guident presque pas à pas l'enseignant, lui permettant ainsi d'aborder de nombreuses actions plastiques et d'avoir de cette façon l'opportunité d'enrichir sa pratique et sa culture artistique.
Ils lui donnent l'occasion de laisser libre cours à son imagination, de s'adapter au niveau des enfants, d'avoir toute liberté dans le choix des supports, des matériaux, des couleurs, des formats, etc.
Il n'y a pas d'obligation de résultat donc pas de pression. Il n'y a que de la création. Les productions ne s'évaluent pas. Seuls les gestes et les techniques sont soumis à des contraintes matérielles que l'enfant se doit de respecter : une paire de ciseaux se manipule d'une certaine manière, la tenue d'un outil scripteur répond à certains critères, etc.
Il faut tout mettre en œuvre et se dépasser pour favoriser l'épanouissement de chaque enfant afin, comme le dit la ministre de la culture Aurélie Filippetti, « de construire une petite pyramide du Louvre dans la tête de chaque enfant ».