Théâtre et développement personnel
Il aide à lever certaines inhibitions, il optimise la créativité, il permet d’oublier le stress de la vie quotidienne, il apprend à vivre ensemble puisqu’il est toujours une aventure collective.
Il aide aussi (et surtout) la personne qui le pratique à s’installer dans une connaissance de soi féconde et évolutive.
Cela ne fait pas pour autant, comme nous l’indiquions plus haut, du théâtre un lieu thérapeutique mais plutôt une aventure qui aurait des effets éventuellement thérapeutiques.
Notre propos est de tenter de donner un cadre, dans le respect de cette histoire dont nous sommes tous les héritiers, à la possibilité d’une aventure théâtrale dans le vécu d’un atelier régulier d’amateurs ou dans celui de la formation pour adultes.
Nous nous adressons donc en priorité aux animateurs de ces ateliers ou stages (comédiens, travailleurs sociaux, metteurs en scène, enseignants…) afin d’ouvrir leurs possibilités de travail et d’envisager ainsi une pratique du théâtre qui, dans sa sensibilisation (tout ce qui se situe avant d’aborder le principal, c’est-à-dire le texte et le personnage), permette à ceux qui le pratiquent de découvrir leur personnalité et d’être amenés à la développer dans l’harmonie et le respect de son plus haut degré d’excellence.
Nous avons donc axé notre travail sur plusieurs terrains d’approche sensible du théâtre qui sont autant de moyens de développer sa capacité à ressentir et à se mieux connaître, quels que soient les objectifs recherchés au cours de l’atelier ou du stage dans lesquels ces exercices et conseils seront utilisés.
- Tout d’abord, nous traitons du corps, car il est le vecteur principal de l’émotion. C’est par lui qu’elle transite ; c’est lui qui se montre au public ; c’est celui qui dit la souffrance de l’âme ; et c’est par lui que cette souffrance peut se transmuer en joie.
- Ensuite, nous traitons de la voix, car elle est ce qui permet d’ouvrir l’émotion interne à l’extérieur. Elle donne aussi la possibilité de poser le Verbe dans l’espace.
- Le rythme viendra quant à lui installer le corps, la voix et l’émotion dans un cadre et dans un schéma conducteur structurant et sensible. Apprendre à rythmer son corps, c’est le mettre au service de l’émotion, non pas de manière docile, car il ne s’agit pas de le dompter tel un jeune cheval farouche, mais doucement, en l’assouplissent, afin de mieux le connaître pour l’apprivoiser sans le domestiquer.
- Il est évident qu’à l’intérieur de ce programme la connaissance de soi et de l’autre sont nécessaires. Mais qu’entendons-nous par ces termes ? Dans le mot « connaître », il y a l’idée de « naître avec » et c’est bien de cela qu’il s’agit : comment naître avec soi et l’autre lors d’une approche neuve d’une émotion, d’un texte, d’un personnage ? Quels exercices peuvent aider à cela ? Nous en proposons certains que nous avons expérimentés et qui nous paraissent être de « bonnes portes d’entrée » à la sensibilité du travail théâtral.
Notre expérience, tout au long de nos vingt années de pratique théâtrale, de créations et d’animations, nous a amenés à considérer le théâtre comme outil de développement personnel et de créativité trop important pour la société dans laquelle nous vivons (là encore, on retrouve l’influence de la cité et du théâtre grec) pour le laisser pervertir par le stress, l’angoisse, la fébrilité. Ces termes n’ont rien à voir avec le trac, qui est un trop plein d’énergie mis au service du jeu du comédien. Le trac doit et peu aider. L’angoisse, quant à elle, ne fait que diminuer le potentiel créatif.
- La découverte de la sophrologie et de l’ensemble des outils qu’elle propose nous a convaincus du bien-fondé de son utilisation avec les comédiens. C’est pour cela que nous avons intégré certains aspects de cette technique psychocorporelle dans cet ouvrage.
- Enfin, il nous semblait nécessaire et utile adjoindre à ces exercices les fruits d’expériences précises réalisées avec des comédiens et des non-comédiens au cours des stages et d’animations. Puissent ces expériences aider celles et ceux qui utiliseront ce livre, non pas pour « refaire comme nous » mais bien pour s’appuyer sur elles pour inventer encore et encore des axes, des formules, qui permettront d’enrichir ce travail d’approche et de recherche. Ce travail s’appuie sur l’humain, sur le vivant, il ne peut donc qu’être en mouvement et en transformation perpétuels.
Extrait de "Techniques théâtrale pour la formation d'adultes".