Premières années d'enseignement – Webinaire

Dans ce webinaire, Fabienne Ramond et Michel Bourbao, auteurs de l’ouvrage « Premières années d'enseignement » aux éditions Retz, répondent aux questions des enseignants.

Fabienne Ramond a travaillé comme enseignante spécialisée pendant environ 20 ans. Elle a également été conseillère pédagogique départementale pour l'école inclusive pendant 12 ans.

Michel Bourbao est conseiller pédagogique en EPS depuis environ 18 ans. Il s'est intéressé aux problèmes de conduite de classe et a réalisé un doctorat sur ce sujet.

Voici en résumé les principales questions abordées :

Comment mettre en place un bon climat de classe pour faciliter les apprentissages ?

Fabienne Ramond et Michel Bourbao soulignent l'importance pour l'enseignant de créer un environnement harmonieux et propice à l'apprentissage.

Un cadre de communication clair est essentiel pour un bon climat de classe. Chaque élève doit aussi avoir l'occasion de s'exprimer. Parallèlement, l'instauration d'une routine de travail bien définie permet aux élèves de se sentir en confiance. L'enseignant doit veiller à maintenir les règles établies dès le début de l'année.

Il est aussi important de créer une culture de groupe en utilisant des rituels et en favorisant le sentiment d'appartenance à la classe.

Gestion de l'hétérogénéité des classes

Il est rare d’avoir une classe homogène. En effet, les acquis des élèves, les rythmes d’apprentissage ainsi que le degré d’estime de soi varient d’un enfant à l’autre. L'organisation de la classe traditionnelle où tous les élèves font le même travail au même rythme ne semble pas réaliste.

Il est important de veiller à ce que tous les élèves soient occupés à des tâches scolaires, quel que soit leur niveau.

La différenciation :

La différenciation permet d'éviter les perturbations et de maintenir l'engagement de tous les élèves.

Pour les élèves qui terminent rapidement leur travail, il est important de prévoir des activités optionnelles et ludiques, afin de maintenir l'intérêt des élèves. Ces activités peuvent inclure la lecture d'un livre, un exercice ludique comme des mots croisés ou un coloriage mathématique, ou l'utilisation d'une application de révision sur ordinateur. Il est essentiel que ces activités soient discrètes et ne perturbent pas le reste de la classe.

Pour gérer cette hétérogénéité, Fabienne Ramond suggère de diviser les élèves en trois groupes en fonction de leur vitesse d'apprentissage (les plus rapides, ceux qui suivent le rythme moyen et ceux qui ont besoin d'un soutien supplémentaire) et de prévoir des activités adaptées à chaque groupe, organisées en plan de travail. Il est essentiel que les activités proposées soient claires, variées et ludiques.

Il est important de garder le même objectif pour tous les groupes, mais avec des consignes adaptées aux besoins spécifiques des élèves en difficulté.

Il faut commencer par travailler avec le groupe d'élèves en difficulté et leur expliquer clairement les objectifs et les tâches à réaliser. Il faut les accompagner de manière plus personnalisée. Les autres groupes peuvent être occupés avec des tâches d'apprentissage ou de révision pendant ce temps.

Même si l'enseignant est occupé avec les autres groupes, il est essentiel de garder un regard sur les élèves en difficulté. Un simple regard encourageant peut aider ces élèves à continuer leurs efforts.

Fabienne Ramond préconise d’utiliser des outils de gestion du temps pour indiquer aux élèves quand ils peuvent solliciter l'enseignant et quand il faut travailler en autonomie.

Certains enfants ont des handicaps ou des difficultés qui rendent impossible l'acquisition de certaines compétences. Il est essentiel d'adapter le programme pour répondre aux besoins spécifiques de chaque enfant. Il est important d’expliquer clairement ces adaptations aux parents et à la classe pour éviter les malentendus.

Le tutorat entre élèves

Ne pas tout prendre en charge en tant qu'enseignant, mais laisser les élèves prendre des initiatives et développer leur indépendance. Le tutorat profite tant aux élèves en difficulté qu'à ceux qui sont plus avancés, souligne Miche Bourbao.

Le tutorat permet aux élèves en difficulté de recevoir une aide précieuse de leurs camarades plus avancés.

Et les élèves qui aident leurs camarades développent des compétences supplémentaires en expliquant et en comprenant les concepts. Ce qui les fait progresser davantage.

Le tutorat crée une relation particulière entre les élèves, favorisant l'apprentissage mutuel.

Comment s’organiser quand on est enseignant remplaçant à temps partiel ?

Il est essentiel de s'organiser et d'établir une méthodologie claire pour optimiser le temps passé dans la classe.

Il est recommandé d'avoir des cahiers par jour de classe pour chaque niveau enseigné.

Il est important de communiquer avec l'enseignant titulaire pour connaître les matières spécifiques à aborder pendant le temps de remplacement.

Il faut être professionnel mais aussi relativement modeste dans ses attentes et avoir conscience que l'on n'est pas forcément expert dans toutes les matières enseignées.

Préparation transversale

Il est utile d'avoir une boîte à outils avec des activités d'éducation musicale, d'arts visuels, etc., prêtes à être utilisées sans trop de préparation.

Proposer des activités variées à partir d'un même champ thématique, en adaptant les tâches selon le niveau des élèves.

Avantages de travailler sur différents niveaux

Travailler sur différents niveaux permet d'avoir une vision globale du système éducatif.

On peut observer ce qui se passe en amont (maternelle) et en aval (cycle 3), ce qui est un avantage pour les années suivantes.

Utiliser des outils existants

Il est préférable d'utiliser des outils existants tels que des manuels, des livres ou des fichiers plutôt que de tout créer soi-même.

Créer un cadre de classe

Mettre en place rapidement un cadre de classe avec des règles et des consignes claires, afin d'éviter les problèmes de discipline.

Ce cadre doit être établi en fonction de sa personnalité tout en respectant certaines règles communes. Il est important de demander aux collègues quelles sont leurs règles de classe et leur seuil de tolérance.

Le cahier journal est-il indispensable ?

Pour Fabienne Ramond, le cahier journal est un outil indispensable à mettre en place en début d'année.

Il permet de planifier les activités, les objectifs et les évaluations de la journée, en lien avec les progressions et les programmations.

C’est un outil très personnel. Il peut être sous la forme numérique ou manuscrite. Il assure la continuité pédagogique en étant rempli quotidiennement et laissé sur le bureau en cas d'absence, ce qui aide les remplaçants à comprendre où en est l'enseignant dans son programme et à anticiper des adaptations pour les élèves en situation particulière.

Différentes rubriques sont incontournables :

Les domaines disciplinaires enseignés,
Les objectifs et compétence visées
Le descriptif sommaire des activités
Les horaires et durées des séances
Le matériel
La différenciation
Les modalités d’observation ou d’évaluation

Si le cahier journal est précis et complet, les fiches de préparation ne sont pas nécessaires. Les deux en parallèle peuvent être redondants et ne contribuent pas à la pertinence et à l'efficacité de l'enseignement.

Le cahier journal permet non seulement d'organiser le travail à faire, mais aussi d'avoir une réflexion sur son efficacité :

Il permet d'évaluer si les pratiques pédagogiques ont bien fonctionné ou non.
Il aide à prendre des décisions sur la manière d'aborder certaines notions.
Il facilite le suivi des comportements des élèves.
Il peut servir lors des rencontres avec l'équipe éducative ou pour mettre en place un suivi individualisé.

Pour Michel Bourbao, plus la réflexion est approfondie, plus l'analyse de la réalité en classe est efficace. Le cahier journal contribue à l'apprentissage par l'expérience au fil des années et aide à améliorer la capacité d'anticipation et de préparation. Le cahier journal évolue au fil de la carrière, devenant moins détaillé à mesure que certaines informations deviennent évidentes.

Comment organiser l'emploi du temps ?

Équilibrer les journées

Les journées doivent être équilibrées avec un volume horaire consacré à chaque discipline.

Diviser le nombre d'horaires annuels par le nombre de semaines permet d'obtenir le nombre d'heures à consacrer à chaque matière chaque semaine. Il faut tenir compte du temps de récréation, qui ne sont pas comptabilisées dans le volume horaire annuel.

Intégrer des activités physiques ou artistiques permet aux élèves de se détendre après des tâches exigeantes.

Les temps de correction :

Les moments de correction et de préparation doivent être répartis de manière à ne pas surcharger une seule journée.

Les exercices à trous et les QCM sont des formes d'évaluation rapide qui permettent de vérifier rapidement l'acquisition des notions.

Les fiches avec des questions-réponses peuvent également être utilisées pour évaluer les connaissances.

La correction de l'expression écrite peut être longue et complexe. Une stratégie consiste à organiser des ateliers de lecture autonome pendant que l'enseignant corrige les expressions écrites en présence des élèves. Pour Michel Bourbao, il est préférable de corriger avec l'élève à côté plutôt que de le faire à distance. Cela permet d'avoir un feedback immédiat et pertinent pour les élèves.

Comment gérer une classe de CM2 à gros effectif ?

Quel que soit l’effectif de la classe, l’idée est de gérer le groupe d'élèves en prenant en compte les différences entre les élèves en termes de rythme et d'acquis (voir partie Gérer l’hétérogénéité).

3 points de vigilance en CM :

Éviter les problèmes de discipline en maintenant un environnement calme.
L’organisation du travail : une méthodologie rigoureuse pour gérer les cahiers est indispensable.
Il faut réserver du temps pour la correction des travaux. Il est possible de réduire le temps de correction en proposant des activités collectives sur ardoise. Par ailleurs, l’usage des feuilles volantes plutôt que des cahiers peut s’avérer plus pratique pour récupérer les travaux écrits des élèves ; le rangement et l'organisation s’en trouvent simplifiée.

Comment travailler la fluence en CM2 avec plus de 30 élèves ?

Michel Bourbao déconseille la méthode traditionnelle où chaque élève lit à tour de rôle une phrase du même texte.

Il recommande d’utiliser des supports qui permettent à tous les élèves de lire simultanément, comme des saynètes de théâtre avec plusieurs rôles. Les groupes peuvent être formés en fonction du nombre de personnages. Ces activités de fluence peuvent se dérouler en plein air. L’enseignant circule parmi les élèves pour s'assurer qu'ils sont engagés dans la lecture et fournir une aide si nécessaire. Les élèves peuvent se sentir plus à l'aise. L'idée est d'encadrer les élèves en difficulté tout en les incitant à s'améliorer grâce à l'aide des autres membres du groupe.

Une autre façon de faire travailler les élèves est d'utiliser des tablettes ou des enregistreurs. Les élèves peuvent s'enregistrer et s'écouter immédiatement pour corriger leurs erreurs. À la fin de la séance, on ne garde que le meilleur enregistrement de chaque groupe pour vérifier si c'est correct. Cette méthode permet aux élèves de s'exercer plusieurs fois jusqu'à ce qu'ils soient satisfaits du résultat avant de le présenter à l'enseignant.