Nouveaux programmes 2016 : interview d'Agnès Perrin, Directrice de la méthode de lecture À l'école des albums CP
Agnès Perrin, Directrice de cette collection, répond à nos questions.
Comment la méthode À l’école des albums répond-elle spécifiquement aux nouveaux programmes ?
A. P. : Les programmes 2016 invitent à articuler la lecture et l’écriture, et à enseigner explicitement la compréhension tout comme l’acquisition des procédures de décodage. Ils rappellent la nécessité d’apprendre à lire à partir de textes variés mais aussi d’étudier 6 à 10 oeuvres par année du cycle. Les auteures d’À l’école des albums ont fait le choix d’engager l’apprentissage de la lecture à partir de 8 albums littéraires issus du fonds pour la jeunesse, afin de poursuivre le travail débuté en maternelle et d’installer une véritable posture de lecteur chez l’apprenti. L’articulation entre les albums (outil pour la classe) et le manuel (outil pour l’élève) permet de ne pas limiter le travail aux uniques supports littéraires mais de proposer aussi d’autres types de textes. Enfin, la présence d’un manuel aux côtés des oeuvres littéraires facilite l’articulation des différents domaines d’apprentissage : écriture, réflexion sur la langue, découverte et automatisation des procédures de décodage. La compréhension est enseignée explicitement.
La progression graphophonologique d’À l’école des albums n’est pas habituelle, qu’est-ce qui fait son originalité et en quoi est-elle particulièrement efficace ?
A. P. : Notre progression prend en compte les dernières recherches issues des neurosciences et des sciences de l’éducation. D’une part, les neurosciences ont montré que l’unité importante pour apprendre les correspondances graphophonologiques était la syllabe. Toute nouvelle correspondance est enseignée à partir d’une syllabe. D’autre part, les sciences de l’éducation commencent à mettre en évidence des stratégies efficaces dans l’acquisition du décodage. Nous avons cherché cette efficacité en structurant une programmation qui prend en compte la fréquence d’utilisation des graphèmes dans les textes. L’apprentissage d’un phonème n’impose pas la découverte immédiate de l’ensemble des graphèmes qui le transcrivent. Dès lors, on peut découvrir plus vite les phonèmes (11 phonèmes et 15 graphèmes dans les 8 premières unités soit environ 10 semaines d’apprentissage). Cela permet de combiner un nombre important de syllabes. Les graphèmes les moins fréquents et que les élèves n’ont jamais rencontrés dans le capital orthographique sont collectionnés au fil des rencontres. Ensuite, quand les élèves ont découvert l’ensemble des phonèmes et une majeure partie des graphèmes, nous pouvons aborder une seconde phase qui doit permettre l’automatisation. Enfin, les extraits des albums lus dans le manuel sont choisis de façon à proposer au moins 70% de mots décodables ou déchiffrables. L’encodage vient en appui à ce travail.
Comment et pourquoi avez-vous choisi ces huit albums ?
A. P. : Les albums ont été choisis en fonction de plusieurs critères :
- 1. L’adaptation des thématiques traitées et de la langue au niveau CP.
- 2. La richesse des thématiques afin de construire la pensée de l’élève. Les oeuvres abordent symboliquement les grandes questions qui traversent l’homme : comprendre le monde, découvrir l’Autre et l’ailleurs, interroger les réactions possibles dans des situations variées. Ces oeuvres permettent de développer la sensibilité et le jugement comme le préconise le programme d’enseignement moral et civique.
- 3. Trois de ces oeuvres interrogent explicitement la question du livre et de la lecture : ils permettent de réfléchir au rapport intime que chaque élève pourra entretenir avec les livres et d’observer des pratiques de lecture, y compris de façon fictionnelle.
- 4. Les genres, structures textuelles et les personnages sont aussi pris en compte dans le choix pour établir un parcours et permettre d’ouvrir les connaissances des élèves.