Les processus d’acquisition et d’apprentissage des langues (langue maternelle et deuxième langue)
La langue orale
- Avant même le stade de la parole, dans son babil, le nouveau-né est capable de reproduire des sons qui n’appartiennent pas à la langue de son environnement (plasticité du cerveau). Il dispose d’une sorte de « palette de phonèmes » très large (et cela est vrai pour tous les enfants du monde quelle que soit leur future langue maternelle).
Les orthophonistes expliquent cette faculté physiologique ou physique par le fait que le larynx du jeune enfant est très haut placé, ce qui permet certaines particularités vocales. Au fur et à diminution de ce « stock phonique » au profit d’une attitude plus ouverte sur son entourage direct. Vers trois-six ans, l’enfant rencontre souvent des problèmes de nature articulatoire. Il peut, par exemple, avoir des difficultés à réaliser certains sons. Ce sont souvent les phonèmes-consonnes ou les associations de consonnes comme /tr/ et /kr/ qui posent problème ; les phonèmes-voyelles, elles, ne présentent pas de difficultés majeures dans la langue maternelle (ce qui n’est pas le cas, lorsqu’un francophone petit ou grand s’initie aux voyelles de l’anglais, par exemple).
Si l’on se place du point de vue de l’acquisition, aucune langue (maternelle) ne peut être réputée comme plus difficile à apprendre (tous les enfants du monde apprennent leur langue maternelle d’une même façon, naturellement).
- Le petit enfant qui apprend à parler (langue maternelle) raisonne et manipule la langue sur les bases d’une grammaire orale, c’est-à-dire à partir de ce qu’il entend uniquement, car il n’a pas encore accès au code écrit. Il n’entend donc pas les marques du pluriel comme les «-s » ou les «-ent» et se heurte à certains problèmes de « découpage » de mots ou d’énoncés entiers.
Cette situation particulière conditionne tout son apprentissage du langage et provoque des « fautes » ou des « erreurs » qui se situent au niveau du découpage des mots ou des énoncés. Ceci prouve à quel point le langage se construit (notion d’abstraction) chez l’enfant et ne prend pas place sur les modes de l’imitation et de la répétition.
Le statut de l’erreur
Les deux contextes, acquisition de la langue maternelle et apprentissage de la deuxième langue, ne remettent nullement en cause l’activité métalinguistique de l’enfant. L’apprentissage d’une deuxième langue par l’enfant va passer par des étapes différentes qui vont indiquer la logique et l’ordre de sa démarche intellectuelle.
On sait, par exemple, qu’il ne suffit pas de corriger l’élève qui commet une faute pour qu’il « intègre » immédiatement la bonne réponse. L’analyse ou la prise en compte de l’erreur est importante, la faute est donc tout à fait acceptable et s’inscrit dans n’importe quel processus d’apprentissage. En situation scolaire et dans le cas de l’initiation à une deuxième langue, les erreurs que l’on va rencontrer chez les élèves vont surtout être dues à la présence de la langue maternelle (interférences).
L’enfant réfléchit à partir du fonctionnement de sa langue maternelle. Il va devoir se construire de nouvelles représentations dans la deuxième langue car les organisations phonologique et syntaxique sont différentes.
Activité 13
Comment apprend-on une autre langue ?
Cette seconde question va étendre le débat à l’apprentissage d’une deuxième langue. S’il y a dans la classe des enfants qui parlent d’autres langues, il serait intéressant de les solliciter afin qu’ils apportent leur témoignage.
Déroulement
Axer la discussion de classe autour des thèmes suivants :
- Quels sont les élèves qui parlent une autre langue que le français ? Laquelle?
- Ont-ils appris cette autre langue lorsqu’ils étaient petits (en famille) ou dans un autre pays (lors d’un séjour prolongé) ? Peut-être même, certains élèves ont-ils déjà une petite expérience scolaire ? Si oui, laquelle ?
- Pensent-ils parler cette deuxième langue couramment ? Ou connaissent-ils seulement quelques mots et expressions ? Lesquels ?
L’enseignant pourra noter quelques éléments caractéristiques des réponses apportées par les élèves et interroger l’autre partie de la classe sur leurs réactions :
- Comment les élèves réagissent, par exemple, par rapport à des mots ou à des sons nouveaux ?
- Pensent-ils qu’il est difficile d’apprendre une deuxième langue ? Quels sont les contextes possibles pour cela ?
- Est-ce qu’il y a des langues très difficiles à apprendre ?
- Combien de temps faut-il pour apprendre à parler couramment une langue ? etc.
Extrait de "L'anglais à l'école"