LES INTELLIGENCES MULTIPLES : interview de Véronique Garas
1/ Pouvez-vous nous expliquer ce que sont les intelligences multiples ?
Howard Gardner, concepteur de la théorie, a considéré que le fonctionnement cognitif du cerveau ne pouvait pas être mesuré par rapport à un seul facteur (appelé par les spécialistes « le facteur G ») nommé « intelligence » et communément mesuré par les « tests d’intelligence ».
Selon lui, tout le monde possède huit intelligences, qui sont :
- l’intelligence naturaliste
- l’intelligence verbale/linguistique
- l’intelligence corporelle/kinesthésique
- l’intelligence interpersonnelle
- l’intelligence intrapersonnelle
- l’intelligence visuelle/spatiale
- l’intelligence musicale/rythmique
- l’intelligence mathématique/logique
Il précise que tout le monde possède ces intelligences et qu’il y a de nombreuses façons de les utiliser. Ainsi, un élève qui serait particulièrement « musical/rythmique » retiendra mieux une table de multiplication en la chantonnant que celui qui, plus « verbal », éprouvera le besoin d’écrire pour la mémoriser.
Nous savons qu’il est possible de développer une ou plusieurs intelligences, si le contexte le permet et si le sujet fait l’effort approprié pour cela, du fait d’un réel besoin.
Enfin, toutes les intelligences sont interactives, fonctionnent habituellement en corrélation et de façon complexe. Il est impossible d’en utiliser une seule à la fois.
On ne peut catégoriser une personne par une seule intelligence, à moins qu’il s’agisse d’un talent particulier que possèderait cette personne, sous-entendu une « intelligence-talent », qui aurait trouvé le contexte idéal pour se développer jusqu’à un niveau exceptionnel.
On peut citer de nombreux exemples de personnes célèbres ayant développé une intelligence en particulier, parmi lesquelles : Darwin ou Mendeleïev, Victor Hugo, Zidane, Sœur Térésa, Socrate, Einstein, Mozart, Les Beatles, Laurent Schwartz ou Cédric Villani.
2/ Quels sont les bénéfices d’un enseignement qui tient compte de ces différences de perception ?
- Les élèves ont davantage confiance en eux : s’ils font des erreurs dans une discipline, ils l’acceptent d’autant plus facilement qu’ils savent qu’ils ont des qualités et des compétences ailleurs.
- Faire entrer un élève dans un apprentissage par une activité qui s’appuie sur une intelligence déjà développée chez lui, lui permet de mieux appréhender un concept ou une notion nouvelle, pour ensuite développer l’intelligence nécessaire à son acquisition.
- Le climat de classe est plus serein : les élèves se respectent et s’entraident, chacun selon ses compétences. Aucun ne s’ennuie et chacun trouve sa place dans une autonomie qui mène à atteindre la même compétence.
- Les enseignants trouvent de la cohérence dans cette approche : ils mettent des mots sur une démarche qu’ils mettaient parfois déjà en place implicitement. Ils sont aussi au plus près des stratégies cognitives de leurs élèves leur faisant éviter, ainsi, de nombreux « petits » échecs.
3/ Comment atteindre les objectifs du programme, identiques pour toute la classe, tout en s’adaptant aux intelligences de chacun ?
Une organisation de classe qui emprunte à la pédagogie de la maternelle facilite la mise en œuvre de cette théorie.
Pour atteindre un objectif, il est possible de suivre plusieurs chemins cognitifs. L’organisation en atelier puis des échanges entre élèves et la présentation des travaux éclairent la notion abordée sous différents angles et participent à sa compréhension par tous.
Elle permet de résoudre certains obstacles disciplinaires récurrents que l’enseignant n’arrivait pas à faire franchir par ses élèves auparavant.
Les ouvrages « Guide pour enseigner autrement avec les intelligences multiples » présentent des activités réalisables selon les huit intelligences, pour atteindre les objectifs du programme, notamment concernant certaines notions souvent difficiles à acquérir.