Comment différencier au sein d'une même tâche ?
Plusieurs stratégies sont envisageables pour différencier au sein d'une même tâche. De nombreux exemples seront donnés dans le chapitre sur la «mise en place de la pédagogie différenciée », mais retenons d'ores et déjà quelques principes et les moyens de cette différenciation dans ce contexte.
- Agir avant l'activité
C'est une idée développée par Roland Goigoux qui propose dans ses conférences des pistes pour aider les élèves à mieux comprendre un texte, donc à mieux lire. Lors d'une activité qui nécessite une attention particulière, d'une remise en mémoire des notions vues antérieurement, d'un repérage des moments dés pour comprendre ce qui est dispensé, beaucoup d'élèves risquent de se trouver trop rapidement en détresse. Il est assez simple d'identifier ceux qui sont concernés par ce problème en fonction du champ disciplinaire abordé.
L'idée forte est de réunir ces élèves, de leur expliquer l'activité qui va être réalisée, de leur redonner les notions vues antérieurement - sorte de seuil d'entrée dans la leçon du jour -, de leur donner des repères de vigilance pour qu'ils puissent se sentir plus à l'aise lors du travail en grand groupe. L'enseignant prévoit alors un temps assez court de travail avec ce groupe, sur une table réservée aux aides dispensées que l'on peut appeler la « table de besoins », pendant que les autres sont en activité autonome d'une lecture simple ou d'un travail de copie par exemple.
Lorsque la séance proprement dite débute, les élèves ayant fait l'objet de cette aide en amont se sentent plus à l'aise pour suivre l'activité. On peut même postuler qu'ils interviendront au cours de la séance et trouveront ainsi l'aisance nécessaire. Il s'agit d'un gain énorme car l'essentiel du travail envers ces élèves revient à leur donner une place dans le groupe-classe, afin qu'ils aient de nouveau confiance en eux et qu'ils s'investissent dans leurs apprentissages.
- Agir durant la séance
Cette autre approche ne concerne pas forcément les mêmes élèves que ceux évoqués précédemment. La plupart des séances se nourrissent d'approches pédagogiques variées. Il y a effectivement une alternance de pédagogie verticale centrée sur le maître et de pédagogie plus individuelle, où l'élève doit réaliser un travail d'application. S'il est assez conséquent, ce travail peut faire l'objet d'une différenciation pédagogique.
Dans le cadre d'une application individuelle, il peut être utile, pour certains élèves, de rejoindre la « table de besoins » en vue de bénéficier d'un soutien de l'enseignant. L'activité est ainsi réalisée en présence du maître qui reformule plusieurs fois la consigne, qui aide à l'acquisition de procédures, qui encourage, qui peut même faire l'exercice avec l'élève en cas de difficulté persistante.
Cependant l'activité individuelle ne clôt pas la séance, car il est important de réunir la classe en grand groupe après l'activité pour parler de ce qui a été fait et corriger éventuellement les erreurs. De nouveau, les élèves en difficulté peuvent participer et sont partie prenante (parfois de façon démesurée) de la leçon. On établit alors une synthèse orale de ce qui a été abordé durant la séance, de ce qui a été appris et découvert. À ce moment, les élèves aidés peuvent sans difficulté être sollicités et leurs interventions valorisées par le maître.
Enfin, il ne faut pas hésiter à rappeler à tous les élèves que ceux qui sont aidés ont pour mission de parvenir à travailler seuls au fur et à mesure que les compétences s'installent, mais que le maître est toujours présent pour aider ponctuellement ceux qui en auraient besoin.
Texte extrait de : Comment différencier la pédagogie d'Éric Battut et de Daniel Bensimhon.